Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





14 octobre 2016

Armements PA1 et PA2, quelles perspectives ?

© Inconnu. R98 Clemenceau et R99 Foch.




L'intégration d'un deuxième porte-avions dans la Marine nationale permettrait, lors des IPER (Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparation)/ATM (Arrêt Technique Majeur) du Charles de Gaulle (2001 - ...), de faire durer le GAn à la mer, élément essentiel de sa crédibilité opérationnelle au service des manœuvres diplomatiques. Les armements PA1 et PA2 devront être reconstitués : quelles modalités, quelles possibilités ?

La permanence aéronavale, dans la définition française et sa pratique, réside dans la disponibilité opérationnelle d'au moins un porte-avions, soit à la mer ou soit prêt à naviguer sous trois jours. Et non pas la présence de deux ponts plats en permanence à la mer, même s'il y a pu avoir des débats et des projets afin de pousser plus en avant le format aéronaval de la Royal. Si le Charles de Gaulle est disponible 60 à 70% selon les années hors IPER/ATM, l'intérêt du PA2 n'est pas d'être disponible 30 à 40% du temps mais bien de rendre disponible les deux porte-avions 50%.


Cette définition n'implique pas un deuxième groupe aéronaval et encore moins un deuxième groupe aérien embarqué.

La disponibilité du porte-avions Charles de Gaulle atteint les 60% et dépasse même ce chiffre certaines années. Les BPC vont plus loin encore avec une disponibilité à hauteur des 80%. Les Clemenceau pouvaient se retrouver simultanément à la mer.

Par exemple, au cours des opérations Saphir I et II (28 septembre 1974 - 30 novembre 1975) les deux ponts plats croisaient au large de Djibouti. L'ancienne colonie était en phase de transition vers l'indépendance. La présence aéronavale française devait dissuader les ambitions territoriales de l'Éthiopie et de la Somalie. L'engagement culminait avec la relève du Clemenceau (22 novembre 1961 - 1er octobre 1997) par le Foch (15 juillet 1963 - 15 novembre 2000) pendant les cérémonies d'indépendance avec les deux porte-avions demeurant simultanément sur zone (Hervé Coutau-Bégarie, Le problème du porte-avions, Paris, Economica, 1990, pp. 126-127). 

Le pouvoir politique a pu rencontrer le désir de déployer simultanément deux porte-avions afin de marquer les positions diplomatiques françaises. L'exercice naval français Estuaire 77 (décembre 1977) comprenait l'escale, prévue de longue date de deux escorteurs français, en Mauritanie. Escale au cours de laquelle éclate la crise du Sahara occidental. Le Président Giscard d'Estaing aurait souhaité engager un porte-avions français : l'un était immobilisé à Toulon, l'autre déjà à Djibouti (Hervé Coutau-Bégarie, Le problème du porte-avions, Paris, Economica, 1990, pp. 125-126).


Jean Moulin (Clemenceau et Foch, Paris, Marines Éditions, 2006, 284 pages) décrivait la gestion des deux équipages des anciens porte-avions (pp. 210-217) à travers les instructions des 11 octobre 1973 et 2 janvier 1974. La première définissait deux armements différents des Clemenceau et Foch :
  • armement PA 1 : effectif armé paix normal ;
  • armement PA2 : effectif armé paix spécial pour mission porte-hélicoptères (conservation des capacités de mise en œuvre d'aéronefs à voilure fixe avec une catapulte utilisable).
Chacun des deux porte-avions possédait un équipage propre et permanent de 984 marins (armement PA2). Un équipage de complément (PA COMPL) est systématiquement affecté au PA1 et se compose théoriquement de 354 personnes. L'équipage complet était de 1338 personnes, hors groupe aérien.

L'armement PA2 ne semble pas avoir été très exploité. Il a bien eu quelques exercices amphibies où l'insertion d'un grand bâtiment porte-hélicoptère était testé. Les mentions de tels exercices sont rares. Le seul engagement culminant demeure le transport du 5e RHC de France jusqu'en Arabie Saoudite par le porte-avions Clemenceau (12 - 28 août 1990).

Pourtant, disposer à nouveau d'un deuxième porte-avions ne manquera pas de voir la pratique des armements PA1 et PA2 se recréer et se renouveler. Les deux porte-avions risquent d'être plus disponibles que leurs devanciers comme le soulignait Hervé Coutau-Bégarie ("Le problème du deuxième porte-avions", Revue de Défense nationale, juillet 2003, pp. 135-144).

Trois hypothèses peuvent être dessinées dans cet ordre croissant selon l'intensité de l'engagement :

La première rencontrerait la possibilité de déployer deux porte-avions en deux points simultanées sans qu'il soit nécessaire d'employer une division navale aussi importante qu'un groupe amphibie. L'embarquement d'une demie-flottille assortie et de quelques voilures tournantes, voire d'éventuels avions d'entraînement constituerait un groupe aérien embarqué de circonstances à même de dissuader face à l'absence d'opposition aériennes. Bien que de capacités réduites, ce GAé conserverait des capacités d'action dans la profondeur allant de la reconnaissance à la frappe stratégique suffisantes pour crédibiliser la position française.

La deuxième permettrait l'engagement simultanée des GAn et groupe amphibie. Ce dernier serait renforcé par l'intégration d'un porte-avions armé en PA2. L'expérience britannique, conduite prochainement sous la contrainte (faute de disposer de suffisamment de F-35B), verra l'armement d'un Queen Elizabeth en "commando carrier" avec un groupe aérien embarqué très semblable à celui d'un LHD américain (F-35B, Chinook, Merlin et peut être des V-22).

Les capacités aéroamphibies se développeraient à hauteur de l'apport constitué par le pont. Un volume supplémentaire de voilures tournantes s'ajouterait à celles embarquées sur un ou deux BPC (exigence du contrat opérationnel du livre blanc 2013 en cas d'engagement majeur). Mais également par la capacité d'embarquer quelques Rafale puisqu'un catapulte pourrait demeurer disponible et le groupe amphibie gagnerait une capacité, certes résiduelle, d'action dans la profondeur que ne peuvent apporter actuellement les voilures tournantes. Sans oublier qu'un porte-avions intègre des capacités de défense aérienne nettement supérieures à celles d'un BPC.

Côté transport de troupes, un navire comme le Charles de Gaulle peut transporter 1500 soldats sur de courtes durées tandis que c'est 450 soldats par BPC. Les manœuvres d'enveloppement vertical prendraient une nouvelle dimension autant par l'importance des effectifs que du nombre d'hélicoptères.

Le groupe amphibie gagnerait alors une toute autre dimension sur les plans opérationnels et diplomatiques.
La troisième hypothèse voit le porte-avions armé en PA1 en intervention mais accompagné de celui armé en PA2. Dans cette perspective où le GAn serait engagé dans une opération majeure (exemples des opérations Héraclès (25 novembre 2001 - 1er juillet 2002) et Harmattan (22 mars - 15 août 2011), le porte-avions armé en PA2 servirait de porte-avions auxiliaire, à l'instar du rôle rempli par le HMS Unicorn au sein de la British Pacific Fleet. Ses capacités renforceraient les fonctions logistiques et de soutien des flottilles du GAn :

Les aéronefs seraient entretenus en priorité sur le pont plat gréé en PA2, embarquant même la troisième ou quatrième flottille en régénération (voire les deux). En augmentant virtuellement le nombre de Rafale M déployés sur zone, l'impact médiatique en serait d'autant renforcé car il s'agit d'affichage diplomatique et médiatique crédibilisé par la menace d'emploi de la force. Pas besoin de prouver une quelconque capacité à engager l'ensemble des aéronefs.

Le porte-avions armé en PA1 se concentrerait sur les opérations aériennes, augmenté par l'appoint potentiel d'une demi-flottille supplémentaire (~30 Rafale M) car déchargé d'une partie de ses activités aéronautiques. Le deuxième navire régénérerait le potentiel des flottilles, combinant entretien embarqué et entraînement des pilotes.

Les opérations aériennes bénéficierait de la disponibilité de deux plateformes pour exploiter toute la géographie des côtes engagées grâce à la disponibilité d'une catapulte supplémentaire. Le rythme des opérations aériennes pourrait être accrue d'un tiers ou bien tenir à un rythme moindre mais sur une durée nettement supérieure. Le carcan des 100 sorties aériennes par jour sur 7 jours dans l'hypothèse d'opérations intensives deviendrait plus souple.

La deuxième plateforme participerait au soutien logistique par l'embarquement de munitions et combustibles afin de soutenir le porte-avions armé en PA1. Le Charles de Gaulle peut ravitailler les unités du GAn alors pourquoi pas le ravitaillement croisé de deux porte-avions ou bien l'appontage d'une pontée sur le navire gréé en PA2 afin d'avitailler directement sur la deuxième plateforme. Tel une unité logistique supplémentaire, il renforcerait la capacité à durer à la mer du GAn en dépendant moins des pétrolier-ravitailleurs.

La diplomatie française bénéficierait de la présence à la mer simultanée de deux porte-avions sur un même théâtre ou bien en deux régions différentes. L'engagement français en coalition prendrait une nouvelle ampleur alors que Londres admettra bientôt au service deux grands porte-aéronefs de 65 000 tonnes. Toutefois, cela ne peut se réaliser que très ponctuellement tant que ces nouvelles possibilités ne nuisent en rien à la permanence aéronaval. Il y a quelques possibilités intermittentes qui ne manqueront pas d'apparaître. 
 

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