Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





04 juin 2012

Force opérationnelle atomique : croiseur-escorteur à propulsion atomique (1957 - 1975)

© Marine (ACORAM). « La frégate lance-engins F 60 Suffren », Marine, avril 1962.

     La reconstruction des forces légères (1952 – 1959) de la Marine nationale, sous la IVe République, par les programmes des escorteurs d'escadre (T47 (12), T53 (5), T56 1), escorteurs rapides (E50 (4), E52 (11), E52B (3) et escorteurs côtiers (classes Le Fougueux (3), L’Adroit (11), devait bénéficier – dans la continuité de l'effort naval consenti – par une série de croiseurs-escorteurs devant succéder aux huit croiseurs survivants de l'entre-deux-guerres et probablement les De Grasse (1956 - 1973) et Colbert (1959 - 1991). Le statut naval de 1955 disposait d’un programme de six « croiseurs-escorteurs » qui deviendront les deux « Frégates Lance-Engins » (FLE) classe Suffren (2). Et, dès 1957, se profilait une série complémentaire, ou bien se substituant partiellement à la cible de la précédente, de « croiseurs-escorteurs à propulsion atomique ». Ce projet aurait survécu jusqu'en 1975 : malgré son absence de citation dans le Plan bleu (29 février 1972). 

     La Marine nationale, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale (1er septembre 1939 - 2 septembre 1945), héritait d'un ensemble disparate de bâtiments d'avant-guerre survivants, auxquels s’ajoutait les cessions dues par les vaincus : soit environ 400 000 tonnes de bâtiments de combat et de soutien ; à comparer aux près de 800 000 tonnes existants avant le déclenchement de la guerre. 

     La « servitude technologique » (Amiral Raoul Castex, Théories stratégiques) imposait, à la Marine nationale, de relever quatre défis techniques majeurs, afin de demeurer une force navale de 1ier rang, sous peine dans le cas contraire d'être déclassée vis-à-vis des autres marines. L’outil naval, pour demeurer cohérent avec les objectifs diplomatiques de la Reconstruction, devait donc s’emparer des voies techniques suivantes : les radars, pour lesquels la France avait pris beaucoup de retard dans l'entre-deux-guerres ; les « engins » (missiles), l'arme atomique et la propulsion nucléaire navale. Le cas particulier de l'arme atomique ouvre la voie à une nouvelle bataille institutionnelle entre les trois armées. L'Armée de l'air bénéficie du deuxième poste du budgétaire de la Défense nationale depuis 1949, reléguant la Marine nationale à la troisième place. 

     Les contingences de l'après-guerre obligèrent à un aménagement des priorités. En l'espèce, entre 1944 et 1961, c’est-à-dire entre la reprise en main du territoire national et la reconstitution d’une « ligne de bataille » (entrée en service du porte-avions Clemenceau (1961 – 1997), les priorités de la programmation vont aller à un « phasage » de l'effort, en trois temps :

  • reconstruction des bases navales et arsenaux et acquisition d'une capacité aéronavale, 
  • reconstruction des forces légères dans le cadre de l’Alliance atlantique et de l'OTAN, 
  • introduction des engins et de la propulsion navale atomique par des croiseurs.

La création de l'Alliance atlantique (traité de l'Atlantique Nord, 4 aril 1949) et de l’OTAN, participait à la structuration de la programmation navale française : l’effort se portait sur les forces légères. Les torpilleurs, contre-torpilleurs et submersibles, hérités de la dernière flotte de la IIIe République, façonnée dans l’entre-deux-guerres par la figure tutélaire de Georges Leygues (16 novembre 1917 - 2 septembre 1933), ne sont plus en nombre suffisants et considérés comme modernes. Ces unités sont peu à peu remplacées (1952 - 1959) par les programmes des escorteurs d'escadre de 2500 tonnes (T47 (12), T53 (5), T56 1) – ultime évolution des contre-torpilleurs classe Mogador (CV (H) Max Moulin) – , escorteurs rapides de 1500 tonnes (E50 (4), E52 (11), E52B (3) et escorteurs côtiers de 600 tonnes (classes Le Fougueux (3), L’Adroit (11).


 Classe
Duguay-Trouin 

 Classe
Suffren 

 Classe

Duquesne 

Croiseur mouilleur de mines  

Classe
La Galissonnière 





Duguay
-Trouin
(1926 – 1952)

 



   Suffren
1930 – 1947) 



  Duquesne

(1928 - 1948)

Tourville
(1928 - 1947) 

 

  

Émile-Bertin

(1935 – 1959) 

 Montcalm
(1937 – 1957)

Georges Leygues
(1937 – 1959)

Gloire
(1937 – 1955)  

Caractéristiques nautiques 

Longueur

181,3 m 

194 m 

191 m 

177 m 

179 m 

Largeur

17,5 m 

19,1 m 

19 m 

15,9 m 

17,5 m 

Tirant d’eau

6,3 m 

6,3 m 

6,3 m 

5,4 m 

5,3 m 

Tonnage lège

7500 t 

10 160 t 

10 160 t 

5890 t 

7600 t 

Tonnage pleine charge

9500 t 

12 780 t 

12 200 t 

8480 t 

9120 t 

Vitesse (nœuds)

33 

32 

33,75 

40,2 

32 

Propulsion (CV)

102 000 

100 000 

120 000 

102 000 

84 000 

Autonomie (mn)

3000 à 15 nœuds 

4500 à 15 nœuds 

4500 à 15 nœuds 

6000 à 15 nœuds 

6800 à 14 nœuds 

Caractéristiques opérationnelles

Anti-sous-marin

200 mines 

Anti-surface

4 x II 155 mm

3 x IV TLT 

4 x II 203 mm

2 x III TLT 

4 x II 203 mm

2 x III TLT 

9 x III 152 mm

2 x III TLT 

9 x III 152 mm

2 x II TLT 

Anti-aérien

4 x 75 mm 

8 x 90 mm

8 x 37 mm

12 x 13,2 mm 

8 x 75 mm

8 x 37 mm

4 x II 13,2 mm 

1 x II 90 mm
2 x I 90 mm

4 x II 37 mm

4 x II 13,2 mm 

4 x II 90 mm

6 x IV 40 mm 

     L'ossature de la Flotte étant en voie de reconstitution puisque les programmes précités d’escorteurs bénéficiaient d’une phase d’industrialisation tournant à plein, l’effort naval pouvait alors engageait la troisième priorité au prisme des exigences de la « servitude technologique » : l’introduction des engins, de la propulsion navale atomique – grâce à des « croiseurs » plus tard rebaptisés « frégates » – et de l’armement nucléaire. 

     La lutte anti-sous-marine, au prisme des tactiques opérationnelles hérités de la Deuxième Guerre mondiale, s’appuyant sur les évolutions de l’ASDIC (Anti-Submarine Detection Investigation Committee) et de l’intégration de ces antennes aux sous-marins eux-mêmes, les nombreuses recherches consenties pour les torpilles, les nombreuses avancées en matière de construction sous-marine offraient une nouvelle dynamique, au prisme d’une nouvelle menace – la large expansion de la Flotte rouge (URSS) et en particulier de sa flotte sous-marine – , obligeant à maintenir l’effort naval.

Le 2 août 1951 était commandé le futur SSN-571 USS Nautilus (1955 – 1980). La quille était posée le 14 juin 1952 et le bateau lancé le 21 janvier 1954. Son admission au service actif, le 17 janvier 1955, s’illustrait par l’émission radio d’un compte-rendu mythique dans l’histoire navale, à 11h00 : « underway on nuclear power ». Révolution navale totale qui parachèvait l'apparition de la propulsion à vapeur, dépendant jusque-là des énergies fossiles : la propulsion navale nucléaire n'a plus comme limite que la résistance de l'équipage. 

     L’apparition des jets rendait obsolète la lutte anti-aérienne aux seuls canons, malgré les nombreux efforts – même après la fin du dernier conflit – pour intégrer les conduites de tir radar à de nouveaux modèles de tourelles automatiques et asservies à ces dernières. L'Operation Bumblebee ou Bumblebee Project (1942 – 1965) lançait la famille de missiles des trois « T » : SAM-N-6/RIM-8 Talos, SAM-N-7 Terrier/RIM-2Terrier, et RIM-24 Tartar, auxquels viendront s’ajouter plus tard les Typhoon et SAM-N-8 Typhon LR/RIM-50A et SAM-N-9 Typhon MR/RIM-55A, bien qu’ils n’appartiennent pas formellement aux trois « T ». 

Le BB-41 USS Mississippi (1917 – 1956) fut reconstruit au chantier naval de Norfolk, entre novembre 1945 et avril 1948, remplaçant, le BB-32 USS Wyoming (1912 – 1947), en avril 1947, en tant que « navire-école anti-aérien » mais également dans la force de développement opérationnel, effectuant des tests de tir et aidant à évaluer de nouveaux systèmes d'armes. Dès le 9 août 1952, les travaux quant à l’installation de deux rampes doubles pour missiles anti-aériens SAM-N-7 Terrier, par enlèvement de la tourelle n°4 (tourelle arrière triple de 14-inch/50-caliber gun), furent achevés, au chantier naval de Norfolk : devenant l’EAG-128 USS Mississippi (1917 – 1956). Les premiers tirs d’essai du SAM-N-7 Terrier (nouvelle nomenclature en 1963 : RIM-2 Terrier) étaient effectués dès 1953. Et le vénérable cuirassé quittait le service en 1957. 

Le 1er novembre 1955, le croiseur CA-69 USS Boston (1943 – 1970) devenait le premier bâtiment de combat, au monde, à bénéficier de l’intégration à son armement d’ « engins », lui valant alors d'être classé « CAG-1 ». La tourelle arrière de 203mm était remplacée par une rampe double SAM-N-7 Terrier (48 km). 11 autres croiseurs « canons » seront convertis de la même manière entre 1955 et 1962.

15 octobre 1956, était commandé le premier bâtiment de surface à propulsion atomique : le futur CLGN-160 USS Long Beach (1961 – 1995). La quille était posée le 2 décembre 1957 et la coque lancée le 14 juillet 1959. L’admission au service actif fût prononcée le 9 septembre 1961.

Son armement anti-aérien se composait, à son entrée en service :

  • 1 x système RIM-8 Talos (3 × Mk 7, 1 × Mk 12 GMLS, 8 × AN/SPG-49 radar) composée d’une rampe double (40 missiles (~150 km)) disposée à l’arrière ; 
  • 2 x systèmes RIM-2 Terrier (4 × AN/SPG-55), composés de deux rampes doubles bénéficiant chacune de 120 missiles (48 km) en magasins, disposés à l’avant. 

Armement anti-sous-marin reposait : 

  • 1 x système RUR-5 ASROC (Anti-Submarine ROCket).

Le CLGN-160 USS Long Beach (1961 – 1995) fut suivi par les :

  • DLGN-25 Bainbridge (1962 – 1996), seul croiseur à propulsion atomique de classe Leahy (9) et constituant une sous-classe à part entière ; 
  • DLGN-35 Truxton (1967 – 1995), seul croiseur à propulsion atomique de la classe Belknap (9) et constituant une sous-classe à part entière ; 
  • DLGN-36 California (1974 – 1999) et DLGN-37 South Carolina (1975 – 1999), deux croiseurs à propulsion atomique de classe California (2) ; 
  • CGN-38 USS Virginia (1976 - 1994), CGN-39 USS Texas (1977 - 1993), CGN-40 USS Mississippi (1978 - 1997), CGN-41 USS 1997Arkansas (1980 - 1998) de classe Virginia (4) dont la cinquième unité devait préfigurer un croiseur AEGIS à propulsion nucléaire (CGN-42).

     La Marine nationale a été lourdement influencée par la programmation navale et les choix technologiques des États-Unis d’Amérique, et plus particulièrement de l’US Navy puisque fut lancé, dès 1954, le programme d’un sous-marin à propulsion atomique – Q244 -, des avant-projets de bâtiments de surface à propulsion nucléaire perdurant jusque dans les années 1980 et un ensemble de programme d’engins (MARURCA, MASURCA, MASALCA, MALAFACE et MALAFON).

En ce qui concernait les croiseurs, les avatars de cette catégorie de bâtiments de combat sont, en 1945, les huit croiseurs ayant survécu au dernier conflit mondial, vis-à-vis des dix-huit lancés et en service en 1940. Ils rendaient alors encore de fiers services, bien qu’ils étaient en voie d’obsolescence avancée face aux premières unités pourvues d' « engins » et donc définissant le « moderne », instiguant un nouveau nivèlement de la hiérarchie navale. Dans le cadre de la troisième priorité énoncée, la Marine nationale étudiait les avant-projets de plusieurs bâtiments de surface, catégorisés comme « croiseurs » dans le cadre de la « Force opérationnelle atomique » : 

     MM. Philippe Quérel (Vers une marine atomique - La marine française (1945 - 1958)) et Patrick Boureille (La marine française et le fait nucléaire (1945 - 1972)) narrent dans leurs travaux de thèse la naissance du sous-marin atomique français. Le Statut naval de 1955 définissait la demande d'un tonnage global de 540 000 tonnes de bâtiments de guerre qui se répartit comme suit :

  • 450 000 tonnes de bâtiments de combat, 
  • 20 000 tonnes de bâtiments amphibies, 
  • 70 000 tonnes de bâtiments auxiliaires.

     La Marine souhaitait se dégager du rôle qui lui était alors progressivement assigné : c'est-à-dire réduite à se disperser lors des premières frappes atomiques puis à se concentrer sur la protection des convois traversant l'océan Atlantique et des débarquements. Au contraire, elle souhaite tirer tout le parti des tranches navales à venir de la deuxième phase du statut naval afin de repositionner une partie de ses futures capacités opérationnelles sur un appoint naval à la future force de représailles. Ce besoin est étalé en trois deux phases :

  • La première (360 000 tonnes) devait atteindre les objectifs définis en termes de tranches navales en 1963. 
  • La deuxième phase (180 000 tonnes) serait atteinte, quant à elle, en 1970. 
     En ce sens, l'Amiral Nomy - chef d'état-major de la Marine (26 octobre 1951 - 1er juillet 1960) - rédigeait un rapport, en date du 20 octobre 1956, à l'attention du ministre de la Défense nationale et des forces armées, M. Maurice Bourgès-Maunoury, portant demande d'inflexion du Statut naval de 1955 (Patrick Boureille (La marine française et le fait nucléaire (1945 - 1972), thèse, annexes, p. ). 
 
Il vantait les mérites de la propulsion atomique comme démultiplicateur de la valeur militaire des navires de surface et sous-marin. L'atome confère une autonomie presque illimitée qui accroît sans commune mesure les mobilités tactique et stratégique. Il demande une vitesse d'ensemble de 40 nœuds et que les navires soient équipés de la même tranche réacteur (puissance de 60 000 CV). Il y aurait eu à bord autant de tranches que nécessaire pour atteindre la puissance désirée. 
 
     Il ne s'agissait ni plus ni moins que de constituer une force navale dotée d'engins atomiques, similaire par sa structure et ses bâtiments, à un « strike group » américain. La vitesse visée devait permettre de marcher à la même vitesse que les futurs bâtiments de l'US Navy et donc permettre à la France de peser dans l'Alliance atlantique et donc au sein des travaux discutés à l’OTAN grâce à cette capacité navale nouvelle. 
 
L'un des premiers vecteurs nucléaires était alors le missile de croisière Regulus I (500 nautiques de portée). Il embarquait sur 4 croiseurs, 10 porte-avions (occasionnellement, en réalité) et 5 sous-marins. En France, il semblait alors possible de disposer à l'échéance de la réalisation de cette partie du programme naval d'un missile balistique d'environ 3000 km de portée. 
 
     Cette force opérationnelle atomique telle que conçue en 1956 devait comprendre les bâtiments suivants (le vocabulaire est du CEMM) : 
  • 2 sous-marins stratégiques (Q244, une deuxième unité) ; 
  • 4 sous-marins tactiques d'accompagnement ; 
  • 2 « Capital-Ships » :
    • soit deux porte-avions stratégiques (2 x 30 000t ; 4 réacteurs chaque),
    • soit deux croiseurs lance-engins de destruction massive (2 x 15 à 20 000t ; 2 réacteurs chaque) ; 
  • 6 croiseurs escorteurs (6 x 5 ou 6000t ; 1 réacteurs chaque) ; 
  • 2 bâtiment-ravitailleurs (2 x 10 000t).

     Dans cette perspective, l'Amiral Nomy proposait de modifier la programmation au sujet de la deuxième phase du plan naval, devant être achevée en 1970 : sur les 180 000 tonnes, 120 000 serviraient à la constitution de la « force opérationnelle atomique » tandis que 60 000 seraient constituées de bâtiments de soutien.

Le CEMM propose alors deux périodes triennales (1961 - 1963 ; 1964 - 1966) par lesquelles seront commandés, au sein de chacune : un porte-avions ou croiseur lance-engins, trois croiseurs escorteurs, deux sous-marins atomiques et un bâtiment base atomique.

Cette programmation semble avoir été adaptée par un document du 7 novembre 1958 qui établissait deux plans quinquennaux (1959 - 1964 ; 1965 - 1969) qui devaient très probablement achever les 180 000 tonnes pendantes du Statut naval de 1955. Et il s'agissait peut-être de s'adapter à la future Loi de programme à la période quinquennale dont il était peut-être d'ores et déjà question dans les coursives, en 1958. 

     Les six croiseurs escorteurs lance-engins visaient peut-être le remplacement des croiseurs survivants de l'entre-deux-guerres (8), voire celui croiseurs anti-aériens De Grasse (1956 - 1973) et Colbert (1959 - 1991). L'Amiral Nomy affirmait qu'il fallait « les construire plus gros et plus cher » – par rapport aux escorteurs – car il était jugé plus productif d'avoir des escorteurs polyvalents et hauturiers, pourvus de plusieurs types d'engins pour autant de domaines de luttes.

Un avant-projet de « croiseur léger d'Union Française » était arrêté en 1956. Le déplacement lège atteignait 5 000 tonnes. Dès 1957, le croiseur léger d'Union Française devenait « croiseur-escorteur » : c’était la conséquence directe du rapport, en date du 20 octobre 1956, de l'Amiral Nomy car ce dernier précisait que ce « croiseur-escorteur doit faire la soudure avec des bâtiments à propulsion nucléaire qui doivent apparaître vers 1970 » (Jean Moulin, Les frégates Suffren et Duquesne, Rennes, Marines éditions, 1998, p. 11).

Le 4 novembre 1959 : l’avant-projet évoluait de nouveau puisque le futur croiseur bénéficiait d’un déplacement lège porté à 5 700 tonnes. L’avant-projet de « croiseur C60 » figé en 1960 reprend l'essentiel de ses caractéristiques. 

La série de six croiseurs escorteurs initialement visée fut ramenée à cinq croiseurs C60. La loi-programme (1960 – 1965) du 6 décembre 1960 réduisait encore la cible, de cinq à seulement trois croiseurs C60. Et, finalement, en 1964 : l'enveloppe budgétaire met en balance la troisième « Frégate Lance-Engins » (FLE) classe Suffren (2) et 42 Vought F-8E (FN) Crusader. Le Président De Gaulle consulta son fils d'Amiral qui lui conseilla de trancher en faveur des intercepteurs plutôt que de maintenir la série C60 à trois bâtiments.


CAA 

Croiseur léger
d’Union française 

Croiseur-escorteur 

Croiseur ?

Croiseur C60


Colbert (1959 – 1991) 

1956

1957

1959

Suffren (1969 – 2001)
Duquesne (1970 – 2007)

Caractéristiques nautiques 

Longueur

180,5 m 

?

158 m

Largeur

20,3 m 

?

15,6 m

Tirant d’eau

5,8 m 

?

7,2 m

Tonnage lège

8636 t 

5000 t 

5700 t

5700 t

Tonnage pleine charge

11 093 t 

6400 ? 

7300 ?

7380 t

Vitesse (nœuds)

33,7 

?

34

Propulsion (CV)

86 000 

?

72 500

Autonomie (mn)

4000 à 25 nœuds 

?

5130 à 18 nœuds

Caractéristiques opérationnelles 

Anti-sous-marin

1 x LOFAR

 

1 x mortier 305 mm 

?

DUBV-23D-1

 

DUBV-43B

1 x système MALAFON

4 x CLT

Anti-surface

3 x 100 mm

 

1 x système MALAFACE 

?

2 x 100 mm

 

4 x MM38 Exocet

Anti-aérien

8 x 127 mm

10 x 57 mm

1 x système MASALCA

 

2 x systèmes MASURCA 

?



1 x système MASURCA


      Le croiseur-escorteur, devenu croiseur C60, n’était donc qu’une série de « transition » devant préparer l’introduction de la propulsion navale nucléaire sur bâtiment de surface, en débutant par « le prototype d'un nouvel escorteur si possible à propulsion atomique » dont l’entrée en phase de réalisation devait être consentie durant la période 1965 – 1969, c’est-à-dire durant le deuxième plan quinquennal – nouveau paradigme des lois-programmes -, repoussant légèrement l’achèvement du Statut naval de 1955, révisé par
un rapport de l’Amiral Nomy, en date du 20 octobre 1956, à l'attention du ministre de la Défense nationale et des forces armées, M. Maurice Bourgès-Maunoury. 

Aucune caractéristique détaillée n'a pu être trouvée – à la date d’écriture de ces lignes – quant aux qualités nautiques et caractéristiques opérationnelles envisagées pour ce projet de nouvel escorteur « si possible à propulsion atomique ». Toutefois, il est possible de dessiner à grands traits une hypothèse de ce à quoi il aurait pu ressembler. 

Il s’agit de considérer que la « Force opérationnelle atomique » reprend une grande partie des choix de l’US Navy, et c’est pourquoi pour cet escorteur à propulsion atomique, le CLGN-160 Long Beach a pu être logiquement une source d’inspirations. Et dans cette perspective, il aurait logiquement hérité des choix arrêtés quant aux avant-projets exposés (ci-dessus) et ceux à venir durant les années 1960 (croiseurs C60 et C67).

L’escorteur à propulsion atomique aurait pu avoir une coque allongée, élargie et approfondie, mais faisant l'économie des soutes à combustible !, afin de pouvoir intégrer une chaufferie nucléaire, c’est-à-dire la filière du Prototype A Terre (PAT) – conçue et destinée aux SNLE classe Le Redoutable (6) – puisque c’était la seule à disposition dans la période considérée.

En ce qui concerne l’armement, le programme MASALCA (1953 – 1958) – envisagé pour le croiseur-escorteur (1957) – n’avait jamais été conçu pour aboutir à un système opérationnel. Aurait-il été demandé d’intégrer deux systèmes MASURCA, ainsi qu’une suite radar analogue à celle des « Frégates Lance-Engins » (FLE) classe Suffren (2) ? Cela aurait été cohérent avec l’architecture de force visée pour la « Force opérationnelle atomique », ainsi que pour la constitution de la force aéronavale.

L'absence de hangar aéronautique sur les C60 et C67 aurait probablement été corrigée sur pareil avant-projet. Cela aurait induit quelques contraintes architecturales quant à la disposition de l’armement, à savoir concentrer l’artillerie et les systèmes anti-aériens à l’avant ou bien concilier un hangar plus en avant, afin de libérer l’arrière du bateau au profit, d’au moins, un système MASURCA.


Croiseur-escorteur

Croiseur C60

Escorteur à
propulsion atomique

CLGN-160


1957 

Suffren (1969 – 2001)

Duquesne (1970 – 2007) 

6 bâtiments ?

 USS Long Beach
(1961 – 1995) 

Caractéristiques nautiques 

Longueur 

158 m 

~ 190 m ? 

219,9 m 

Largeur 

15,6 m 

~ 20 m ? 

21,8 m 

Tirant d’eau 

7,2 m 

~ 9 m ? 

9,3 m 

Tonnage lège 

5000 t 

5700 t 

~ 8000 t ? 

15 000 ? 

Tonnage pleine charge 

6400 ? 

7380 t 

~ 10 160 ? 

17 500 t 

Vitesse (nœuds) 

34 

30 ? 

30 

Propulsion (CV) 

72 500 

80 000 ? 1 x réacteur PAT ? 

80 000 2 x réacteur C1W 

Autonomie (mn) 

5130 à 18 nœuds 

∞ 

∞ 

Caractéristiques opérationnelles 

 

 

 

Anti-sous-marin 

1 x LOFAR

 

1 x mortier 305 mm 

DUBV-23D-1

 

DUBV-43B

 

1 x système MALAFON

 

4 x CLT

DUBV-23D-1

 

DUBV-43B

 

1 x système MALAFON

 

4 x CLT

 

 

 

 

1 x système ASROC

 

2 x III TLT 

 

Anti-surface 

3 x 100 mm

 

1 x système MALAFACE 

2 x 100 mm

4 x MM38 Exocet 

2 x 100 mm ?

6 – 8 x MM38 Exocet

2 x 127 mm

8 x RGM-74 Harpoon 

 

Anti-aérien 

1 x système MASALCA

2 x systèmes MASURCA 

1 x système MASURCA 

2 x système MASURCA ? 

1 x systèmes Talos

 

2 x systèmes Terrier 

     L'escorteur à propulsion atomique semble avoir un des avant-projets de bâtiments de surface à propulsion nucléaire, en mettant de côté les PH75 et PA75 issus du « Plan bleu », énoncé par le décret du 29 février 1972. Et dans cette perspective, la corvette nucléaire C75 semble être l’ultime avatar connu d’un escorteur mu par l’énergie d’une chaufferie nucléaire.

Les croiseurs devinrent « frégates ». Le 6 juin 1988, l'Amiral Bernard Louzeau, alors chef d’état-major de la Marine (30 janvier 1987 - 19 novembre 1990) reclassait les bâtiments de la flotte de surface :

  • déplacement de moins de 3000 tonnes, il s'agissait désormais de « patrouilleurs » et d'avisos ; 
  • déplacement de plus de 8000 tonnes il s’agissait désormais de croiseurs et de porte-aéronefs.
 

31 mai 2012

Les armements PA 1 et PA 2

© Inconnu. R98 Clemenceau et R99 Foch.

C'est grâce à l'ouvrage de Jean Moulin, Clemenceau et Foch (Marines Editions), qu'il est possible d'avoir une description précise de la gestion des deux équipages des deux anciens ponts plats (aux pages 210 et 217). Une instruction du 11 octobre 1973 officialise les rotations des équipages à bord des porte-avions. C'est l'instruction du 2 janvier 1974 qui précise ces cycles.

24 mai 2012

La nouvelle phalange macédonienne ?

© Star Wars Republic Commando. Soldats ARC (Advanced Recon Commando).

L’arrivée du système FELIN (Fantassin à Equipements et Liaisons INtégrées) a pu laisser certains évoquer l’expression d’ « hoplite numérique« . Alors que le système est actuellement essayé en Afghanistan, et qu’il le sera certainement sous d’autres cieux, d’autres innovations permettent d’envisager des évolutions encore plus radicales. Si l’introduction de ce système peut être comparé à l’apparition de la radio dans Cavalerie blindée, il faudrait peut être voir encore plus loin, et imaginer une recréation de la phalange macédonnienne…

23 mai 2012

La Galéasse, une hybridation pour la Méditerranée

© Inconnu.

Sur le plan militaire, la Galéasse apparaît au XVIe siècle selon Philippe Masson -"De la Mer et de sa Stratégie". Ce navire hybride est la dernière évolution d'un navire plus que millénaire : la galère. Cette tentative de conjuguer les avantages de la galère et des précurseurs du vaisseau fera merveille dans premier temps, en Méditerranée.

22 mai 2012

La Galère, le navire des mers étroites et fermées

© Wikipédia. Une galère par Pierre Puget, vers 1655.

Depuis l'Antiquité jusqu'au début du XIXe siècle, les galères furent utilisées par bien des marines. L'historien Philippe Masson n'hésite pas à écrire que ce fut un "règne interminable". Dans l'un de ses ouvrages, "De la Mer et de sa Stratégie" (aux éditions Tallandier), il décrit la place des galères dans l'Histoire et les marines, pourquoi elles perdurèrent, pourquoi elles disparurent.

19 mai 2012

Création d’une « French NSA » : vers un grand commandement français dans le cyberespace ?

© Inconnu. Siège de la National Security Agency.
L’affaire, cette création d’une sorte de « French NSA« , n’est pas anodine, et le processus pourrait abriter une logique qui dépasse les simples recompositions administratives. Est-il vraiment question de la seule création d’une agence technicienne ? 

18 mai 2012

Le gouvernement anglais a-t-il sciemment torpillé la refonte CATOBAR des Queen Elizabeth ?

© Mer et Marine. La dernière mouture du PA2 : "Juliette 2".

 L'article d'hier -"Abandon des EMALS à bord des CVF : un manque de puissance électrique ?"- se concluait sur un constat inattendu, et relevé seulement par Kouak : l'absence de production de vapeur à bord d'un éventuel CVF ou CVF-FR CATOBAR mettant en oeuvre des catapultes à vapeur. Un autre lecteur, Gilles, pointe du doigt les ambigüités gouvernementales anglaises à propos de la refonte CATOBAR avec EMALS (ElectroMagnetic Aicraft Launch System) : l'argument du manque de puissance électrique, développé dans le billet d'hier, ne résisterait pas au doute suscité par de nouvelles questions, et de nouveaux éléments.

16 mai 2012

Abandon des EMALS à bord des CVF : un manque de puissance électrique ?

© Incoming.

 Ainsi donc, l'actuel gouvernement anglais a choisi de faire le chemin inverse de celui qui avait conduit le précédent aux décisions de la Strategic Defense Review de 2010. Au grand dam d'une partie de l'opinion navale anglaise, ce ne sera plus le F-35C qui appontera sur le Prince of Wales, mais les F-35B qui pourraient apponter sur les deux navires. La décision anglaise est d'une logique difficilement contestable en l'état actuel des informations.

15 mai 2012

Entretien avec Xander - L'esthétique du vaisseau de 74 canons

© Xander.






Bonjour Alexandre de Oliveira. Vous tenez le blog Xander -nom qui vous sert également de pseudonyme. Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions à propos de votre travail et d'un certain attrait pour la Mer et ses navires.


© Xander.





13 mai 2012

L'Espace, ce nouveal Océan : milieu où la France doit garder son rang ?



A la suite d'un billet de Terre à la Lune -Contre l'exploration spatiale (sic) : six raisons pour lesquelles l'homme ne doit pas quitter le berceau terrien (Partie 1)-, il est peut être temps de poser quelques éléments d'un débat qui risque de prendre de l'ampleur. Ces derniers temps -et l'expression est volontairement très vague- il a été question d'exploiter l'Espace.

Le constat est que des matières essentielles au développement industriel de nos sociétés pourraient venir à se tarir sur notre actuelle planète. En outre, certaines de ses ressources les plus précieuses sont sous le joug heureux de quelques puissances. Ayez une pensée pour la question des "terres rares" : la Chine est dans une belle position, et n'aura pas besoin de forcer son talent pour en profiter.

Mais dans l'Espace, il y aurait des astéroïdes d'une densité exceptionnelle en ressources précieuses à nos sociétés industrielles.

Il y a dès lors un choix qui s'offre aux Cités :
  • ou bien, nous prenons le risque de nous contenter de nos ressources terrestres, et cela suppose une gestion durable des matières (le recyclage). Mais est-ce que cela nous dispenserait d'aller exploiter les nodules polymétalliques qui jonchent le fonds de nos océans ? Le risque, c'est de détruire les écosystèmes sous-marins, et par là, d'atteindre très gravement les écosystèmes terrestres qui dépendent, notamment, de la production d'oxygène des océans (terriblement supérieure à tout ce que peuvent faire les forêts) ;
  • ou bien, de prendre le pari d'aller exploiter l'Espace.
La seconde solution offre la possibilité d'épargner les équilibres terrestres, et donc de préserver la "base de départ". En outre, et si jamais cet ambitieux projet était viable, alors le rapport de forces s'inverserait : il n'y aurait plus une ou des puissances jouissant de quelques prérogatives sur quelques ressources précieuses, primordiales, mais des puissances ayant les capacités de s'affranchir des pesanteurs terrestres.

Il y a bien des parallèles à faire avec le choix cité plus haut, et l'histoire maritime. L'aventure de la Mer n'est-elle pas l'aventure de la Liberté ? C'est-à-dire la liberté de choisir ses partenaires commerciaux pour écouler ses productions et ressources, et de continuer son développement grâce au libre et indépendant choix de s'approvisionner partout dans le monde.

L'exploitation spatiale répondrait à cet objectif de cette stratégie maritime fondée sur la Liberté. Il serait question de trouver dans l'Espace une certaine indépendance, pour ne pas dire une autonomie politique où les autres Etats auraient pas ou très peu de prise.

La stratégie spatiale, partiellement fondée sur la stratégie maritime, consisterait à se ménager une voie d'accès à l'Espace afin de profiter de ses richesses. Inévitablement, d'autres puissances seront sur les rangs pour gagner ses marges de manoeuvres économiques et politiques offertes par les ressources résidant dans l'Espace.

Il y aura donc une guerre des communications puisque, fatalement, toutes les positions ne se valent pas dans l'Espace. Certaines routes, certaines caractéristiques du milieu spatial seront stratégiques (comme les points de La Grange). Ces caractéristiques du milieu s'apparenteront à nos actuels détroits marins, nos "chokes points". Forcément, il y aura lutte pour leur contrôle, le monopole ou leur libre usage. Il faut se replonger dans les aventures coloniales, et notamment dans l'histoire de la Royal Navy qui s'est construite contre le monopole espagnol sur l'exploitation économique de ses possessions sud-américaines. Un idéal de Liberté a conduit les corsaires anglais, puis une marine tout entière pendant des siècles.

Dès lors, il y aura ceux qui auront intérêt à une libre utilisation, et ceux au monopole. Il y aura même ceux qui ont intérêt à une libre circulation définie par leurs critères. La puissance maritime ou spatiale dominante ne peut se faire interdire l'accès à son milieu d'évolutions, et au contraire, elle tend à étendre au maximum l'espace de liberté.

C'es tout le paradoxe des Etats-Unis qui, pour préserver l'exploitation des fonds marins, ont vu le président Truman faire une déclaration très prématurée en 1945. Elle devait permettre de préserver les prérogatives entreprisses américaines sur les ressources du plateau continental nord-américain (en nodules polymétalliques). Cette déclaration a eu comme répercussion dans la guerre de l'anchois de voir les Etats sud-américains établir une zone de pêche exclusive jusque 200 miles de leurs côtes. Pourquoi cette distance ? Car les poissons passaient jusqu'à cette distance, et au-delà, il n'y a pas plus rien à prendre. C'est ce qu'expliquaient le professeur Hervé Coutau-Bégarie au Café stratégique numéro 3 (8 décembre 2009 - 19 minutes et 30 secondes dans l'enregistrement audio). C'est-à-dire que la puissance maritime dominante a, malgré elle et ses intérêts, donné des arguments aux Etats côtiers, non-hauturiers, pour construire un monopole juridique sur l'exploitaiton de ressources marines. Les conflits pétroliers dans l'Amérique du Sud actuelle ne sont que le fruit du triomphe de cette conception née de la guerre de l'anchois. C'est ce genre de pesanteurs terrestres avec lesquelles il faut composer, et contre lesquelles l'Espace offre des alternatives "libres".

Les " global commons" ne sont qu'un concept des espaces communs (aériens, marins, spatiaux et cybernétiques) que seules des puissances maritimes ont pu imaginer. Plus les espaces communs sont grands, plus il y a d'espace de manoeuvre et de moyens de communiquer.

In fine, le Sea Basing n'était ou n'est qu'un concept servant à projeter le flux de ses forces dans un espace libre d'utilisation afin de s'affranchir des contraintes imposées par les autres Etats sur les terres émergées. L'exploitation de l'Espace pourrait être une réponse aux Etats territorialisant leurs eaux côtières à des fins d'exploitation économique exclusive. Ce serait encore une opposition renouvelée entre les "terriens" et les "marins".

La conquête spatiale sera probablement une guerre des communications.

Premièrement, il y a ceux qui peuvent ou pourront construire les outils nécessaires pour accéder à l'Espace, au sens où il est possible de s'y rendre et d'en ramener quelque chose de manière profitable pour les finances privées et publics. A la différence de la Mer, on ne transporte pas de grandes quantités de marchandises à moindre frais vers et en retour de l'Espace. Le fret spatial aura ceci de commun avec le fret aérien qu'il ne sera que sur les marchandises à la plus forte valeur ajoutée. Il y d'ores et déjà des nations qui ne peuvent pas accéder à l'Espace : elles sont enclavées, comme les territoires uniquement terrestres, sans accéder à la mer.

Deuxièmement, il s'agira de se doter des moyens pour défendre son accès à l'Espace et de participer à la course aux caractéristiques du milieu qui sont les plus intéressants. En effet, des stratégies de déni d'accès à l'Espace seraient dès aujourd'hui observables. Avant même d'évoquer une quelconque conquête des richesses spatiales, il faut bien considérer que celui qui domine l'espace où les satellites gravient possède un avantage stratégique primordial sur ses adversaires.

C'est tout simplement dire qu'il existe potentiellement le risque de revivre une seconde guerre de Sept ans et ses conséquences funestes : le traité de Paris de 1763. Cette année là, la France perdait le Canada et l'Inde. La face du Monde aurait été assez différente de celle que l'on a sous nos yeux aujourd'hui.

La France a perdu ces territoires car la Marine Royale a périclité sous Louis XV en raison non pas de coupes budgétaires, mais d'un repli budgétaire mal-exécuté : l'on peut réduire la taille de sa Flotte, mais il faut surtout en protéger les fondamentaux qui en assurent l'efficacité (formation, entraînements, capacités industrielles et scientifiques, recrutement constant, etc...). Hors, il y a manifestement eu un repli budgétaire qui s'est transformé en désastre naval car le repli est l'opération la plus difficile à effectuer à terre. Même pour les marines.

L'une des questions qui se posent à propos de la conquête spatiale est de savoir si elle est analogue aux conquêtes maritimes du temps passé ? Une autre est de déterminer si les actuelles activités maritimes sont une voie provisoire avant d'aller vers le nouvel Océan ?

Si nous étions irrémédiablement attiré par l'Espace, alors, il faut garder en mémoires nos erreurs passées, et se souvenir de la parole de Richelieu qui a toujours valu d'avertissement pour l'avenir :

« Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu'ils ont ignorée ».

04 mai 2012

Sea Basing : Le couple BPC/Cougar HORIZON ou Sea King ASaC contre la piraterie au large de la Somalie ?


 
Dans le billet d'hier, il était question de remettre en service les Cougar du système HORIZON pour oeuvrer dans la bande littorale. Les différentes hypothèses d'utilisation opérationnelle envisagées appelaient à une grande refonte de ce système d'armes de l'ALAT. Aujourd'hui, c'est une hypothèse beaucoup plus modeste dont il s'agit : et si le couple BPC/hélicoptère de guet aérien était plus efficace au large de la Somalie que plusieurs frégates ?

03 mai 2012

Des Cougar HORIZON sur les frégates Horizon ?


Il y a quelques semaines, à peine (le 4 avril 2012), les deux frégates de défense aérienne de la Flotte menaient un très intéressant exerice au large du Centre d'essais missiles de la Direction Générale de l'Armement sur l'île du Levant (Var). Il était question d'intercepter un missile supersonique rase mer lancé contre le groupe constitué des deux navires. Le PAAMS (Principal Anti-Air Missile System) a été utilisé dans sa pleine mesure car l'un des vaisseaux, le Chevalier Paul, utilisait les senseurs et les effecteurs (les Aster 30, donc) du Forbin pour mener sa mission à bien. C'est-à-dire qu'il y avait, manifestement, un seul central opérations qui commandait aux radars et aux armes des deux navires pour intercepter l'assaillant. Tout du moins, c'est ce que l'on peut comprendre en lisant le compte-rendu officiel. C'était même une première en Europe selon ce dernier.

02 mai 2012

Aviso NG : et si les avisos A69 avaient été "modernisés" ?

© Inconnu.

 Si les navires sont la stricte représentation matérielle d'une pensée navale -et quelque soit le degré d'élaboration de celle-ci-, cela implique qu'ils représentent leur Etat. Le "prestige" représenté par ces coques de bois ou d'acier est lié à de très nombreux facteurs : le degré de sophistication de l'ingénierie nécessaire à leur construction, la qualité ou le nombre des armements embarqués, la taille du navire, la puissance effective que le navire de combat déplace, etc...

27 avril 2012

Renforcer la puissance navale française ? Dissimuler les navires à l'horizon des armes

© Wikipédia. SMS Gneisseau.

 Les amiraux Darrieus et Daveluy (qui ont deux prix de la Marine nommés ainsi en leur honneur) ont stimulé le débat naval français au tout début du XXe siècle. C'est de leurs divergences sur la portée utile des armes, et surtout sur la portée à laquelle il faut engager sérieusement un navire ennemi, que se dessine une certaine manière de pensée qui influe directement sur notre façon de concevoir le navire de combat aujourd'hui.