Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





15 février 2017

NAe São Paulo : Modernisation abandonnée, remplacement avancé

© Inconnu.
La Marinha da Brasil annonce par un communiqué que la modernisation du  NAe São Paulo (2000 - 2020) est abandonnée. Le remplacement du porte-avions brésilien, ancien Foch (15 juillet 1963 - 15 novembre 2000) dans la Marine nationale, est avancé et devient la troisième priorité dans les investissements navals brésiliens.

Le nouveau projet de refonte aura finalement eu raison du porte-avions brésilien. L'ancien Foch quittait la Marine nationale après bien des économies sur l'entretien et les grands carénages car dans la programmation initiale de la marine française ce porte-avions devait être "rapidement" remplacé par le R92 Richelieu à partir du milieu des années 1990. Le Brésil achète ce navire pour 12 millions d'euros en 2000 avec un grand nombre de travaux à effectuer.

La première refonte étalée entre 2005 et 2010 ne suffit pas à redonner un potentiel opérationnel satisfaisant au navire. La principale difficulté tient à la propulsion qui, outre le fait qu'elle soit ancienne, ne disposait pratiquement plus d'aucune pièces en stock après les retraits du service et déconstructions des Clemenceau (22 novembre 1961 - 1er octobre 1997), Jeanne d'Arc (16 juillet 1964 - 7 juin 2010) et Colbert (5 mai 1959 - 24 mai 1991). Les avaries se succèdent pour ce bateau et les pilotes de l'aéronavale brésilienne doivent même aller s'entraîner aux États-Unis pour maintenir leurs qualifications.

C'est pourquoi une refonte ambitieuse avait pour objet, principalement, de remplacer la propulsion et un certain nombre d'autres équipements afin de garantir un service actif jusqu'en 2040. Les dépenses se seraient élevées à pas moins de 500 millions d'euros. Le système d'armes est entièrement à modernisé, voire à remplacer tout simplement, tout comme la propulsion qui serait entièrement débarquée au profit d'une propulsion électrique, peut-être même par pods. L'aviation embarquée devait recevoir des avions modernisés à la fin de l'année 2017.

Le 14 février 2017 la marine brésilienne annonce par communiqué un grand revirement : la refonte est abandonnée. "Almirantado concluiu que o Programa de Modernização exigiria alto investimento financeiro, conteria incertezas técnicas e necessitaria de um longo período de conclusão e decidiu pela desmobilização do meio, a ser conduzida ao longo dos próximos três anos." La Marinha da Brasil se félicite même de l'intérêt opérationnel matérialisé par l'achat de l'ancien Foch pour le maintien des compétences brésiliennes suite au retrait du Minas Gerais (1956 - 2001). Même l'aviation embarquée argentine pu venir s'entraîner à bord.

Finalement, la solution du désarmement paraît plus sage à l'amirauté brésilienne qui maintient et avance même l'objectif de remplacement du Sao Paulo par une unité neuve. "Um programa de obtenção de um novo conjunto Navio-Aeródromo x aeronaves, ocupará a terceira prioridade de aquisições da Marinha, logo após o PROSUB / Programa Nuclear e o Programa de Construção das Corvetas Classe Tamandaré." La réalisation de ces deux programmes précités renvoie la question du nouveau porte-avions brésilien aux alentours des années 2025-2030.

En attendant, ce sera surtout le premier sous-marin à propulsion nucléaire qui apportera l'avantage nucléaire déterminant face à l'Argentine qui ne désarme pas de son ambition d'égaliser la puissance navale brésilienne, même pour ce cas d'espèce.

Entre parenthèses, le Sea Gripen, navalisation du chasseur suédois, perd une occasion significative de crédibiliser son existence au Brésil avant de prétendre à quoi que ce soit dans d'autres marines. Le marché indien pourrait, d'un coup, s'éloigner fortement, voire définitivement.

Date à laquelle où la France pourrait déjà avoir relancé les études pour un nouveau porte-avions en remplacement du Charles de Gaulle (2001 - 2041) dans l'optique de maintenir les compétences en matière de propulsion navale nucléaire. L'Inde aurait à faire valoir ses compétences en la matière selon le degré d'implication des industriels étrangers dans l'IAC-2 ou INS Vishaal mais qui ne devrait être mis sur cale qu'après l'année 2030, voire 2035. Le Royaume-Uni et l'Italie aurait de nouveaux arguments à faire valoir tout comme, et peut-être, la Russie, voire le Japon et la Corée du Sud.

Mais la plus grande nouveauté serait surtout une proposition chinoise dont la chaîne d'assemblage de porte-avions tourne plutôt bien et pourrait trouver là matière à proposer un bateau neuf, voire à placer ses deux premiers porte-aéronefs STOBAR, les Liaoning et Type 001, à destination de marines clientes afin, dans les années 2020 - 2030, de ne compter que unités CATOBAR. Cela relaierait un budget naval pas si important.

Le "porte-avions résiduel", pour reprendre le mot d'Hervé Coutau-Bégarie (Le problème du porte-avions, Paris, Economica, 1990, 191 pages) n'est pas à la portée de toutes les marines. Il est facile d'en perdre le rang, bien difficile de s'offrir une unité neuve tandis que l'ensemble des forces aéronavales résiduelles reposaient, pour l'essentiel, sur la cession de porte-avions de la part de la Royal Navy. L'achat d'une nouvelle unité, selon ses caractéristiques, ne demanderait pas moins de 2 à 3 milliards d'euros.

5 commentaires:

  1. La France pourrait peut-être engager un partenariat avec l'Inde et le Brésil, nos trois nations ayant le même besoin. Non?

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  2. Et si la France engageait un partenariat avec le Brésil et l'Inde, nos trois nations ayant la même intention de construire un porte-avions?

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    1. Bonjour à tous les deux,

      Ces hypothèses pour l'exportation ne sont pas si évidentes.

      Premièrement, le calendrier est similaire tout en recouvrant une période assez large : de 2025 (Brésil, estimation personnelle) jusqu'à 2035 (France et Inde).

      Deuxièmement, le nombre d'avions souhaité n'est pas non plus évident. Si les Brésiliens ne faisaient pas évoluer le format du Clemenceau alors ils pourraient se diriger vers une unité de plus ou moins 30 000 tonnes à pleine charge contre plus de 50 000 tonnes pour la France (32 Rafale M) et plus de 60 000 tonnes pour l'Inde (plus de 40 aéronefs à voilure fixe).

      Troisièmement, l'axe diplomatico-militaire devrait être très fort afin de joindre les besoins des trois pays alors que l'Inde et le Brésil peuvent largement faire jouer la concurrence internationale entre l'Inde, l'Italie, la Corée du Sud, le Japon, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni.

      Cordialement,

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  3. Bonjour Marquis,
    Serait-il envisageable un retour du Sao Paulo en France pour une refonte (500 millions d'€ cela semble accessible à notre budget de défense) de 10 à 15 ans afin de faire la "soudure" avec les indisponibilités du CdG pour maintenance et la construction de 1 voir 2 PA? (on a le droit de rêver)
    Cordialement

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    1. Bonjour,

      Si cela me paraissait être une solution très crédible que de conserver un des deux Clemenceau en réserve spéciale, cela me paraît bien hasardeux aujourd'hui. D'une part, il faudrait amputer le budget de l'Etat de 500 millions d'euros et/ou sacrifier une dépense égale dans la Marine nationale. D'autre part, la refonte est hasardeuse en ce sens qu'un porte-avions est un système complexe et le remplacement de la propulsion n'est pas une mince affaire (euphémisme). Cela était moins compliqué de soutenir un Clemenceau quand il y avait le stock des pièces pour les Colbert et Jeanne d'Arc.

      Surtout que, ne n'oublions pas, le prochain Président de la République risque très fortement de lancer les études pour un "nouveau porte-avions" ce qui devrait coûter plusieurs centaines de millions d'euros, en particulier s'il fallait développer ou adapter un nouveau réacteur ou une nouvelle chaudière nucléaire commune aux PA et SN3G.

      Cordialement,

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