Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





13 octobre 2016

Bab el-Mandeb : victoire navale américaine sur les Houthis (9 - 13 octobre 2016)

© US Navy.
Depuis le 4 octobre 2016, suite à l'attaque réussie contre le HSV-2 Swift loué à une administration civile émiratie, une division navale formée par les USS Mason (DDG-87) et Nitze (DDG-94), encadrant l'USS Ponce (AFSB(I)-15) patrouillent dans les eaux du détroit de Bab el-Mandeb. Le destroyer USS Mason (DDG-87, type Arleigh Burke, classe Flight IIA) était visé par deux salves de missiles tirées depuis le territoire yéménite sur les journées des 9 et 12 octobre. Cette dernière date est le jour anniversaire de l'attaque de l'USS Cole (DDG-67) en 2000. 

9 octobre 2016 (7h00 locale), alors que la division patrouille au Nord du détroit de Bab el-Mandeb, la première unité est visée par une salve de deux missiles venant de la rive yéménite du détroit. Les communications institutionnelles et médiatiques soulignent une salve de "two presumed cruise missiles". Sans pouvoir établir s'il y a une différence de nature par rapport à l'attaque ayant frappée le HSV-2 Swift où la thèse des C-802 est toujours très soutenue, il est difficile de comprendre si les munitions employées sont différentes ou s'il y a un simple abus de langage.

Pour se défendre, l'USS Mason emploie au combat, première fois pour ces deux munitions manifestement, ses "SM-2s" (RIM-66, 62 à 185 km de portée selon la version) et ESSM (RIM-162, jusqu'à 50 km de portée). Une contre-salve de deux SM-2 semblent avoir atteint une des deux munitions adverses. La deuxième aurait été neutralisée par l'ESSM. En plus de ces moyens cinétiques, le navire employait ses moyens de guerre électronique, dont le système Nulka destiné à contrer les missiles anti-navires.

La communication américaine se borne à citer le tir des trois missiles puis l'utilisation du système de guerre électronique sans que cela permette d'établir s'il s'agit d'un ordre chronologique ou d'une simple énumération. En tous les cas, une des deux munitions se serait entrée dans le périmètre de la défense à courte portée du destroyer américain. L'étape suivante aurait pu être une salve supplémentaire d'ESSM puis la fameuse défense terminale Phalanx.

12 octobre 2016, à 18h00 (heure locale), une nouvelle attaque est lancée depuis le territoire yéménite contre l'USS Mason qui se serait rapproché des côtes, tout du moins, il ne s'en est pas éloigné. Sans grandes précisions, "Mason used unspecified countermeasures following the launch of the [two] cruise missiles. However, it’s unclear whether the missiles missed their target and hit the water because of actions by the ship’s crew or if the missiles failed on their own."

Le département de la Navy indiquait qu'il était du devoir des commandants de défendre leur navire et que la liberté de navigation devait être respectée. Une frappe de représailles est alors ordonnée au plus haut niveau de l'État américain afin de tenter de faire cesser la menace. "The strikes -- authorized by President Obama at the recommendation of Secretary of Defense Ash Carter and Chairman of the Joint Chiefs General Joseph Dunford -- targeted radar sites involved in the recent missile launches threatening USS Mason and other vessels operating in international waters in the Red Sea and the Bab al-Mandeb." L'USS Nitze se charge d'expédier trois missiles de croisière BGM-109 Tomahawk le 13 octobre.
La rébellion Houthie dément être à l'origine des évènements des 9 et 12 octobre via l'agence Saba. La propagande Houthie se vante d'avoir mené environ 10 attaques à l'aide de missiles ou roquettes contre des navires de la coalition emmenée par l'Arabie Saoudite en 2015. En 2016, l'attaque contre le HSV-2 Swift réussissait. Un groupe, Ansar Allah, avançait être à l'origine de quatre attaques dont celle ayant touché le Swift le 1er octobre 2016. Quels sont les auteurs des attaques ? 

Le fait que la deuxième salve soit lancée le jour anniversaire de l'attentat contre l'USS Cole n'est pas anodin. Très difficile de croire à une coïncidence eu égard au créneau retenu. Aussi, comme tout mouvement politique, armé ou non, la rébellion Houthie n'est pas monolithique. Dans les vidéos diffusées sur les chaînes de vidéos, les attaques verbales contre les États-Unis sont légions.
Poser la question des agissements d'Al-Qaïda dans le Sud de la péninsule arabique c'est surtout remarquer qu'il y a un traitement à effectuer des sources ouvertes afin de bénéficier des outils de compréhension du paysage politico-militaire local, à la manière de ce que certains font pour la Syrie. 

Ce qui amène à questionner les capacités navales "Houthies". La propagande de la rébellion se targue de dix attaques en 2015, une en 2016 et deux à attribuer. Comment expliquer ce vide entre les deux périodes ? Autre chose, le processus de ciblage employé semble permettre de soutenir plusieurs salves consécutives. Est-ce à dire qu'il y a une augmentation de la cadence théorique ?  

Sans éléments probants pour déterminer s'il y a eu une recomposition du processus de ciblage depuis la fin d'année 2015 à celle de l'année 2016 ou bien s'il y a eu de nouvelles livraisons de missiles, il est étonnant que la nature des munitions employées ne soit pas précisée. Il serait difficile à croire que la diplomatie navale américaine n'est pas été à même d'enregistrer les signatures de quelques munitions iraniennes, chinoises ou autres. Le vocabulaire employé témoigne-t-il d'un changement de nature de la munition ? Le déroulé du tir des salves, à proximité des côtes et du détroit, plaident pour un statu quo. Et l'utilisation de radars terrestres, dans la droite lignée de l'attaque de la corvette israélienne Hanit par le Hezbollah (12 juillet 2006), témoigne du succès constant de ce moyen de technoguérilla.

Malgré cet échange entre les deux artilleries,  « la mer n'en resta pas moins salée » (Maurepas) mais sous maîtrise locale et temporaire américaine. Washington semble s'être donné les moyens, par ses deux destroyers, de contrer les attaques et de tenter de les faire cesser. Mais il reste à la coalition menée par l'Arabie Saoudite et l'US Navy de parvenir à surveiller et contrôler les eaux yéménites et saoudiennes pour faire cesser les approvisionnements de la rébellion Houthie qui ne perd pas l'usage de la mer.

Cela démontre l'intérêt particulier pour une frégate de premier rang de disposer de capacités de frappes dans la profondeur pour annihiler les capacités adverses avant qu'elles puissent être déplacées si cela était possible. Quelques munitions suffisent contrairement à une focalisation excessive sur les salves de plusieurs dizaines d'unités.

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