Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





22 décembre 2014

"British and Commonwealth Warship Camouflage of WWII - Destroyers, Frigates, Escorts, Minesweepers, Coastal Warfare Craft, Submarines & Auxiliaries" de Malcolm Wright


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L'amiral Darrieus se faisait cette réflexion un brin philosophique en 1903 :

« cette observation philosophique que nous avons faite souvent concernant cette aspiration réelle de l’humanité vers le combat de plus en plus éloigné, dans le but de frapper l’adversaire le plus tôt possible. L’évolution continue des armes n’a pas eu d’autre cause depuis les premières querelles des hommes »
(Cour de Tactique de 1903, tome III, p. 344, Amiral Darrieus). »



Un autre propos de l’Amiral Darrieus conserve lui un caractère très moderne, et ce qui justifie une citation entière ce passage :

« nos cuirassés sont hérissés de superstructures, de bossoirs, d’impédimenta de toutes sortes, qui offrent autant de cibles aux projectiles de l’ennemi, auxquels ils fourniraient par leurs nombreux éclats une aide meurtrière pour notre personnel. Depuis Yalu, et encore plus après le 10 août et Tsoushima, tous ces étages volumineux plus dangereux qu’utiles sont condamnés et doivent disparaître ; de l’autre côté de la Manche, on n’avait pas attendu ces expériences pour en prévoir les enseignements. La cible réelle du navire ne doit comprendre que les surfaces ayant une utilité démontrée par par la guerre.


Et c’est pour cela que j’insiste avec force pour qu’on renonce définitivement à notre système de bossoirs pour hisser les embarcations, et qu’on les remplace par un seul mât de charge, deux au plus s’abaissant complètement sur le pont lorsqu’ils ne servent plus. Les facilités du service du temps de paix en souffriront peut-être un peu, mais je ne m’en émeus guère ; c’est pour faire la guerre que nous construisons des bâtiments de combat. Tout argument favorable au maintien des bossoirs qui reposerait sur des questions de service intérieur doit donc être inexistant pour nous »
(Cour de Tactique de 1903, tome III, p. 165 et 166, Amiral Darrieus).

Les structures des navires vont se polir tout du long du XXe siècle et continuent de nos jours. Si les sous-marins ont pu prendre une longueur d'avance, les navires de surface tendent à rattrapper leur retard. La rupture technologie apportée par la frégate La Fayette (1996) est poussée à son paroxysme avec le destroyer Zumwalt (2013).

Revenons un peu en arrière de la ligne temporelle par l'ouvrage dont il est question aujourd'hui. L'article « Du razzle-dazzle au navire invisible » (publié le 6 août 2009, par Clarisse, sur Alliance Géostratégique) permet de constater que des voies alternatives - autre que le dessin des superstructures des navires - ont été explorées pour tromper l’adversaire sur la position réelle du navire : 

« Dans une conférence de 1919, le peintre britannique Norman Wilkinson explique : « The primary object of this scheme was not so much to cause the enemy to miss his shot when actually in firing position, but to mislead him, when the ship was first sighted, as to the correct position to take up. [Dazzle was a] method to produce an effect by paint in such a way that all accepted forms of a ship are broken up by masses of strongly contrasted colour, consequently making it a matter of difficulty for a submarine to decide on the exact course of the vessel to be attacked…. The colours mostly in use were black, white, blue and green…. When making a design for a vessel, vertical lines were largely avoided. Sloping lines, curves and stripes are by far the best and give greater distortion ».

Nous y voici à l'intérêt de l'ouvrage présenté ce jour. Cette longue introduction n'est là que pour replacer l'enjeu du razzle-dazzle dans le cadre de la recherche de la discrétion des navires. Malcolm Wright est semble-t-il ce qui pourrait se rapprocher d'un peintre de marine en Australie. Dans son livre il ne présente pas moins tous les camouflages utilisés par les navires du Commonwealth pendant la seconde guerre mondiale. Il y a semble-t-il tout. Qui plus, il est loisible de découvrir des peintures nullement vues ailleurs.

Le chapitre 13 "Submarines" garde toute sa pertinence aujourd'hui. Dans le cadre géostratégique actuel, les flottes (et donc les vaisseaux "noirs") se sont rapprochés du littoral, l'interface entre Terre et Mer. Dans ces eaux généralement peu profondes, la visibilité de la coque du sous-marin depuis l'air peut le trahir. Les techniques de camouflage expérimentées par les marines britanniques sont peut être un précieux capital pour le XXIe siècle. Si les sous-marins américains, anglais et français sont généralement noirs, ce ne sont pas les habitudes des sous-marins israéliens par exemple. Le noir continuera-t-il à habiller nos navires sous-marins ?

A la lecture de tous les autres chapitres, il se pose quelques questions. Dans le cadre de la sauvegarde maritime, nous semblons nous diriger vers un paradigme informationnel où les réseaux de détection tendent à primer sur les navires pour la détection, la classification et le traitement des navires transitant dans une ZEE. Un AIS est-il infaillible ? Quid d'un chalutier porte-antennes traité aux matériaux absorbants ? Pourquoi pas de tels scenariis ? Un mélange de razzle-dazzle et de peintures furtives pourraient augmenter les chances de leurrer des systèmes optroniques.

Dans cette optique, il semblerait que nos avions de la dernière génération (dans le creuset de la 4+ à la 5) opéreront de plus en plus par des systèmes passifs et de moins en moins par des systèmes actifs pour les phases d'approche. Nombre d'avions de combat combinent un certain nombre de systèmes optroniques pour tenter de repérer leurs adverses à grandes distances. Cette direction profitera-t-elle à l'éclairage de la flotte ? Si oui, que faire contre les tentatives de modifier l'aspect visuel d'un bateau ? C'est déjà possible grâce à des briques thermo-réactives.

Est-ce que la course à « l’invisibilité » peut être comparée à la course à la cuirasse qui sévissait du temps des navires de lignes ? Si oui, on chercherait, comme pour la cuirasse, à tout protéger, sauf l’essentiel, ce qui permet au navire de combattre avec efficacité et de continuer à combattre. L’invisibilité est peut être la nouvelle cuirasse, rêvée, qui focalise l’attention sur la défensive. Hors, quand le navire passe à l’attaque, il se découvre, fatalement. En outre, l’époque est aux organes déportés du navire, ce qui obligerait, pour obtenir le navire invisible, à ce que ceux-ci le soient aussi.

Nous avions pu présenter une brève esquisse de navires qui se déroberait aux optiques diverses (la nouvelle frégate Gloire).

Ce ne sont là que quelques réflexions qui me donnaient envie de parcourir les trésors d'imagination pour camoufler les navires militaires britanniques pendant la seconde guerre mondiale. Merci à Malcolm Wright pour ce travail titanesque pour rassembler cette somme de silhouettes navales !

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