Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





27 mai 2014

Renforcer la puissance navale française ? Les bateaux volants

© Inconnu. Démonstrateur de dirigeable hydride P-791 de Lockeed Martin.
Zone militaire le rappelait un jour, la France innovait en 1906 en mettant en service le premier dirigeable militaire : le Lebaudy-4. Plus loin, l'auteur rappel que c'est avec la catastrophe du Hidenburg en 1937, les progrès de l'aviation et les limites technologiques de l'époque que les dirigeables finissent par sotir de l'histoire.

Le bateau volant, objectif toujours en ligne de mire

Avec l'hydravion, le dirigeable partage ce rêve pour les marins d'avoir des bateaux qui volent. Pourtant, ils furent d'une aide précieuse, réalisant des missions de bombardement à longue distance, servant dans la lutte anti-sous-marine dans la Manche et la mer du Nord pendant la Première Guerre mondiale (1914 - 1918). C'est pourquoi il est possible de s'étonner du non-retour de ce genre d'aéronefs. Comme quoi, il est difficile d'être innovant puisque nous nous confortons dans ce qui fonctionne, quitte à étirer un concept jusqu'à l'usure.

Néanmoins, quelques recherches très rapides permettent d'apprécier que la Marine nationale ne s'est pas désintéressée des dirigeables, au contraire, elle en suit les évolutions régulièrement. Deux exemples :

L'objectif était de mesurer la pertinence de ce type de plateforme dans les missions de sauvegarde maritime pour compléter ou remplacer navires, avions et hélicoptères. L'ETO dura deux mois (une centaine d'heures de vol) pour des missions de surveillance du rail d'Ouessant et des zones de pêche de la Manche. La plus longue mission dura 24h. Bien que tous les objectifs de l'expérimentation ait été atteint, les conclusions invitent à considérer la solution d'un dirigeable de 10 000 m3.
Deux points très intéressants de cette expérimentation : le transfert de charge vertical et la mise en oeuvre d'une embarcation depuis le dirigeable furent testés.
La particularité très intéressante est leur invention pour faciliter l'amérissage grâce à une structure de pompage de l’eau fixée sous l’appareil.Ce qui réduit à peu de choses les infrastructures nécessaires pour la mise en oeuvre de ces appareils et cela change la donne pour le coût d'utilisation...

Le dirigeable : des qualités intéressantes

Ces plateformes ont un positionnement particulier :
  • par rapport à l'avion (plusieurs centaines de nœuds), elles sont plus lentes (plusieurs dizaines de nœuds) mais ont l'avantage de l'autonomie (de 24h à plusieurs jours, voire plusieurs semaines) donc de la persistance aérienne,
  • par rapport au bateau (une ou deux dizaines de nœuds, plusieurs mois d'autonomie), elles sont beaucoup plus rapides tout en étant persistante.
Persistance, c'est le mot dans la mesure où nous avons des projets et réalisations de dirigeables capables de tenir l'air pendant d'une journée à trois semaines :

  • La société française ANSE peut fabriquer un dirigeable A-N 800 (charges ISR comprises) de 800 m3, 450 kg de charge utile pour une autonomie de 20h et un équipage de 4 personnes.
  • Le Blue Devil, projet de l'US Air Force, est un dirigeable de 40 000 m3 pour une centaine de mètres qui, avec ses 6000 m3 d'hélium, devrait atteindre une semaine d'autonomie. 
  • Le LEMV (Longue Endurance Multi-intelligence Vehicule) devait lui atteindre une autonomie de trois semaines avec une charge utile de 20 tonnes.
Malheureusement, les deux projets américains ont été abandonnés. Ce qui n'est pas encourageant car il reste des ruptures technologiques à atteindre et d'autres à fiabiliser. Il était dit que la Marine nationale aurait pu commander de quoi constituer trois flottilles de dirigeables en 1984 (cf lien) s'il n'y avait pas eu un accident.

Dirigeable : quelles missions ?

Pour quel usage devons-nous imaginer un retour du dirigeable ? En premier lieu, les missions relevant de la sauvegarde maritime (c'est-à-dire les missions de service public de l'Action de l'État en mer) semblent les plus indiquées. Deuxièmement, pour des usages militaires très particuliers, les dirigeables offrent des atouts précieux.

Commençons par la sauvegarde maritime et considérons le dirigeable comme un grand hélicoptère. A dire vrai, c'est peut-être la comparaison la plus parlante car il possède les qualités d'un hélicoptère tout en étant persistant sur zone. Plusieurs exemples permettront d'illustrer la chose :
  • les petits dirigeables ont vocation, comme les drones, à mener des missions ISR de surveillance de zone, comme le rail de Ouessant, par exemple ;
  • si un avion est plus rapide qu'un dirigeable pour délivrer une chaîne SAR à des personnes en détresse, le dirigeable pourrait être le premier à pouvoir se rendre sur place pour repêcher les personnes en danger ;
  • si un avion est le plus rapide pour couvrir une zone à surveiller, le dirigeable, de par sa persistance, peut enquêter et suivre les cibles pour relever d'éventuelles infractions complexes (pêche illégale, pollutions, etc...) ;
  • tel un hélicoptère, le dirigeable peut servir de plateforme de liaison entre différentes îles : typiquement, un dirigeable serait très adapté à la desserte des poussières de l'Archipel France pour les missions scientifiques et autres, tout en permettant un minimum de ravitaillement sans avoir besoin de mobiliser un navire ;
  • le dirigeable peut aussi servir à l'intervention pour déposer une embarcation semi-rigide, ce qui peut permettre d'appréhender rapidement un contrevenant sans avoir besoin d'attendre un navire sur zone.

Ce ne sont là que quelques remarques sur la place particulière que les dirigeables peuvent occuper dans des missions de sauvegarde maritime. C'est une plateforme intéressante capable d'aller d'un milieu à l'autre, tout en restant de bonne facture dans son milieu principal.

Dans cette optique, le dirigeable offrirait une solution très intéressante de navire de patrouille des ZEE. Outre sa persistance, sa charge utile, le fait qu'ils puissent embarquer un équipage permet d'envisager des solutions opérationnelles très performantes puisqu'elles se rapprocheront de ce que peuvent faire les équipages des Atlantique 2.

Sur un plan purement militaire, des usages très particulier des dirigeables sont à envisager :
  • le transport de fret pourrait être moins onéreux avec des dirigeables si nous en croyons les promoteurs de ces projets ;
  • les dirigeables C4ISR permettrait de renforcer les moyens de communication et d'observation sur une zone, le temps d'une opération, sans avoir à louer des capacités satellitaires ou aériennes supplémentaires. Il y a par exemple le projet Stratobus.

Tous les aéronefs de l'Aviation navale (outre ceux du GAe) devront être remplacés via deux programmes majeurs que sont AVSIMAR (AVion de Souveraineté et d'Intervention MARitime) et HIL (Hélicoptère Inter-armées Léger). Les patrouilleurs de la Marine devront être remplacés par le programme BATSIMAR (BATiment de Souveraineté et d'Intervention MARitime). Dans ce cadre budgétaire renvoyé à la prochaine LPM, le dirigeable pourrait apporter des solutions particulières à des missions très spécialisées. Mais aussi offrir une alternative entre le bateau, l'avion et l'hélicoptère pour des zones où les distances sont telles que chaque plateforme est poussée au paroxysme de sa logique (océans Indien et Pacifique en particulier, la Guyane de manière secondaire, entre autres exemples).

Le retour des bateaux volant ? Les qualités du dirigeable (persistance, charge utile, vitesse, équipage) sont un joli creuset adapté aux grands espaces. 
 

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