Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





20 avril 2012

DAMB de territoire : les coûts des intercepteurs de la bulle de défense aérospatiale



 La défense antimissile balistique de théâtre existe donc en France : ce sont les systèmes SAMP/T (Mamba) de l'Armée de l'Air. Ceux-ci permettent d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1000 km. Ou plutôt, il faudrait dire qu'ils peuvent intercepter des missiles balistiques dont vitesse en phase terminale (après la rentrée dans l'atmosphère) ne dépasse pas la vitesse de l'intercepteur : l'Aster 30, soit Mach 4.5 après trois secondes de vol.

Il est possible de se donner une idée des vitesses de ces missiles à travers ce tableau qui présente les vitesses des missiles à la fin de leur phase propulsée (avant l'entrée dans l'espace), en fonciton de leur portée, et de la trajectoire empruntée (à énergie minimale dans celui-ci).

Tout est affaire de vitesse. La portée du missile balistique détermine sa vitesse, et il y a deux grands cas de figure à prendre en compte :
  • plus la portée est grande, plus la vitesse terminale de la charge de l'engin porteur le sera ;
  • l'utilisateur du missile peut sacrifier une partie de la portée pratique. C'est-à-dire que, au lieu d'utiliser une trajectoire à énergie minimale pour obtenir la plus grande portée, l'utilisateur pourrait choisir une trajectoire en cloche qui permettra d'augmenter significativement la vitesse de la charge du missile. C'est le principe des Iskander Russes, notamment.
Ainsi, un système anti-missile peut être magnifiquement manoeuvré par son assaillant en choisissant un autre programme de vol. La trajectoire en cloche présente l'inconvénient d'exposer plus longuement le missile aux moyens de détection de l'alerte avancée. Mais, après la détection, il faut bien tenter d'intercepter.

Si la DAMB de théâtre vise à contrer une attaque de certaines roquettes de gros calibre, ou de missiles balistiques tactiques comme les Scud (souvenir de la Guerre du Golf), la DAMB de territoire ambitionne d'intercepter des missiles balistiques à longue portée, donc plus rapide.

La défense antimissile balistique de territoire, ou ABM en américain, est un changement de monde dans le même théâtre. Il s'agit d'intercepter d'autres missiles balistiques (MRBM, IRBM, ICBM) depuis un réseau de radars et d'intercepteurs sur un théâtre. Ainsi, la portée des Aster 30 est de 100 km, et celle des intercepteurs du THAAD de 200km. S'il est possible d'intercepter plus de types de missiles balistiques, la bulle de défense aérienne évolue verticalement, mais pas horizontalement. C'est-à-dire que la DAMB de territoire nécessite un réseau dirigé contre les sources de menaces, ou tout azimut, pour vraiment défendre un territoire... sauf si la taille de ce territoire correspond à la bulle de défense aérienne mise en oeuvre : certains Etats du Golf rentrent très bien dans une telle bulle.

Pour en revenir aux problèmes liés à l'interception de missiles balistiques, il faut soulever le problème de la vitesse de l'engin, et aussi de son altitude d'interception. Raison pour laquelle il faut parler de défense multicouche dans le cadre d'une DAMB élargie à des menaces "stratégiques".

Ainsi, à partir des MRBM (voir tableau de l'article), il faudrait plutôt rechercher une interception du missile assaillant dans l'espace exo-atmosphérique (à partir de 120 km d'altitude). C'est en raison du fait que la phase balistique est potentiellement la plus longue du vol (10 à 20 minutes selon la portée), compartivement aux phases propulsée et de rentrée atmosphérique. Ces dernières se comptent en secondes. L'avantage de l'interception dans l'espace est que la trajectoire est képlérienne, et donc prédictible. En outre, la signature infrarouge de l'assaillant est bien plus aisée à repérer dans l'espace, plutôt que dans les couches de l'atmosphère. Ceci est la plus haute couche du système.

Les systèmes d'interception de missiles balistiques -que l'on pourrait qualifier de tactiques- comme le SAMP/T ou le Patriot PAC-3, permettent de couvrir la menace de missiles balistiques ayant une portée (et donc la vitesse associée) de 1000 km (cas français). Néanmoins, il convient de bien garder à l'esprit que le plafond pratique de ces systèmes (même pour l'américain) est de 20 à 24 km d'altitude.

Entre les deux couches, il y a un monde car l'Aster 30 ne va pas au-delà de son plafond pratique, et l'intercepteur exo-atmosphérique SM-3 ne commence sa mission qu'à partir de 120 km d'altitutde.

Les Etats-Unis ont conçu le THAAD pour investir cette couche. Le système tire une première munition qui tente d'intercepter le missile à partir de 150km d'altitude. Si la première rate, une seconde peut être tirée pour intercepter l'assaillant entre 20 et 90km. Ce système terrestre couple un intercepteur exo-atmosphérique (de "faible" altitude comparativement au SM-3 qui grimpe jusque 250 km) avec un intercepteur haut endo-atmoshérique (qui intercepte entre 20 et 90 km d'altitude).

L'interception en haut endo-atmosphérique est réputée comme étant très difficile car ces couches de l'atmosphère ne sont pas des milieux propices à un auto-directeur à infrarouge, et la durée de la phase de rentrée atmosphérique est très courte (une vingtaine de secondes).

Quoi qu'il en soit, pour se donner le maximum de chances d'intercepter l'assaillant, et couvrir toutes les menaces, il faut pouvoir disposer d'une gamme complète d'intercepteurs. Il en découle, forcément, que ces intercepteurs doivent cohabiter dans la même bulle pour répondre à ces menaces.

La configuration américaine est intéressante car elle couvre :
  • le bas endo-atmosphérique : de 0 à 24km d'altitude (PAC-3),
  • le haut endo-atmosphérique : de 20 à 90 km d'altitude (THAAD),
  • l'exo-atmosphérique : de 120 à 250km d'altitude (SM-3, et le GBI dans une configuration différente).
A noter que cette bulle a un rayon horizontale de 200 km (THAAD et PAC-3) à 500 km (SM-3).
Dès lors, quid du cas français ? Nous ne disposons que de l'interception en bas endo-atmosphérique. Si nous voulions couvrir "toutes" les menaces, alors il faudrait développer de nouveaux intercepteurs, et améliorer les existants :
  • Aster Block 1 NT : le changement d'auto-directeur permettrait aux systèmes existants d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1500 km (et la vitesse associée). Le coût de cette amélioration serait de 30 millions d'euros (R&D incluse) ;
  • Aster Block 2 : il s'agirait de couvrir le haut endo-atmosphérique, à l'instar du THAAD américain. Dans le colloque sur la contribution navale à la DAMB, les industriels imaginaient couvrir de 30 à 60km d'altitude. Les coûts du développement et de l'achat des missiles serait de 1700 millions d'euros.
  • Exoguard : la France se doterait d'un engin similaire au SM-3 américain. Le programme d'études amont est estimé à 225 millions d'euros hors-taxes. Le coût total pour 32 engins serait de 1770 millions d'euros.
Au final, la facture pour le développement, l'amélioration et le déploiment des nouveaux intercepteurs se monte à 3500 millions d'euros, soit le coût d'un très beau porte-avions (de 50 000 tonnes avec trois réacteurs nucléaires ?). Et encore une fois, il ne s'agit "que" des intercepteurs. 

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